Niveau
Vitesse
Publié le 09/07/2021, mis à jour le 12/07/2021 ▷ 07:53
Le Salvador devient en juillet 2021 le premier pays à instaurer le Bitcoin comme monnaie
officielle.
La Chine décide au même moment de s’attaquer au Bitcoin afin de lutter contre la
pollution et les risques financiers qu’il génère. C’est donc l’eldorado du Bitcoin qui va déménager.
Comment raison garder ?
Voici un petit résumé de la situation.
Le Bitcoin est une monnaie numérique décentralisée et cryptée. C’est un système informatique Open Source de transfert et de vérification de propriété reposant sur un réseau de pair à pair (Peer 2 Peer) sans aucune autorité centrale.
Avec cette devise virtuelle, les transactions transitent de manière sécurisée et inviolable directement d’une personne à une autre sans passer par des banques ou des intermédiaires financiers.
Son créateur Satoshi Nakamoto, a fixé une quantité maximale d’unités à 21 millions dans le but d’en limiter l’inflation.
Via des logiciels et des protocoles, les participants au système peuvent posséder des bitcoins (Wallet), émettre des bitcoins (Minage) et gérer des transactions (blockchain).
Le Wallet est un portefeuille électronique contenant des clés identifiant des
bitcoins.
Le Minage est l’opération de création de la cryptomonnaie et repose sur des calculs
informatiques.
La Blockchain est un immense registre de transactions décentralisé et public, où
l’historique de tous les échanges en bitcoins est répertorié.
Il existe de nombreuses autres cryptodevises (Etherum, Ripple, Monero …) fonctionnant sur le même principe mais le Bitcoin est à ce jour la plus (re)connue.
La nature hybride du bitcoin défie l’ordre établi car c’est à la fois une infrastructure informatique, un système de paiement et une innovation cryptographique
La valeur du Bitcoin repose uniquement sur le travail, la volonté et la croyance de la communauté des participants.
A sa création, en 2009, 1 bitcoin valait 0.001 $.
En 2011, il atteint la parité avec le dollar et l’euro.
En janvier 2017, le bitcoin dépasse les 1 000 €.
En 2021, il atteint plus de 50 000 €.
Début juillet 2021, il est 27 000 €.
À cette date, environ 80% des bitcoins ont été émis.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Bitcoin amène de la spéculation.
La capitalisation en juillet 2021 est égal à 630 Milliards d’Euros, ce qui n’est pas si important dans le système financier mondial (Euronext = 2500M).
Affranchir l’individu du système bancaire mondial traditionnel faisait marrer les banquiers au début. Depuis quelques temps, ils se sont mis à rire jaune… Le Bitcoin est dorénavant très pris au sérieux.
Dès 2017 : La sulfureuse devise virtuelle est en passe de devenir un actif financier comme les autres. Cela va très vite », constate Daniele Bianchi, spécialiste du sujet à la Warwick Business School, au Royaume-Uni.*
Le milliardaire Ray Dalio, fondateur du fonds spéculatif Bridgewater, déclare, le 24 mai 2021, qu’il préférerait détenir un bitcoin qu’un bon du Trésor.
Les institutions financières contre-attaquent donc en déclarant que le Bitcoin n’est pas un actif refuge, qu’il n’est pas basé sur l’économie réelle, qu’il favorise le blanchiment d’argent, que son cours est volatil et qu’en cas de problème, les épargnants ne peuvent se retourner contre personne.
Avec les crises financières à répétition et l’émission massive de monnaies due au COVID, on peut également s'interroger sur le bon sens des institutions financières actuelles.
Le Bitcoin est efficace et inviolable (mais le FBI aurait réussi récemment à intercepter une partie de bitcoins extorqués…)
Le Bitcoin n’a pas de frontière, c’est une monnaie mondiale. Aucun dictateur ne peut y geler un compte. Comme la majorité des individus sur Terre vivent sous des régimes autoritaires contrôlant la monnaie, le Bitcoin devient une valeur refuge sans censure.
Dans certains pays à l’inflation galopante (Venezuela par exemple), la cryptomonnaie représente une protection contre les dérives de leur monnaie nationale.
C’est un système financier, disponible 24h/24, 7J/7, loin des horaires des banques et des marchés.
Argent sale
Le Bitcoin permet facilement le blanchiment d'argent. Dans les affaires de rançonnage, le paiement se
fait en bitcoin. Le montant des transactions cryptocriminelles aurait atteint 10 milliards de
dollars en 2020 (21,4 milliards en 2019).
Même si cette monnaie virtuelle est dite inviolable, les sites qui la détiennent sont hackés ou
volés régulièrement : depuis sa création, un million de bitcoins ont été subtilisés.
Gouffre écologique
Le minage consiste à résoudre des équations de plus en plus complexes validant les transactions (plus
il y a de mineurs et plus les calculs sont complexes) pour récolter au bout des bitcoins.
Ces opérations informatiques nécessitent toujours plus de puissance de calcul, donc des machines de
plus en plus balaises et énergivores. Des puces spécifiques Asics sont ainsi commercialisées (autour
de 8000 € quand même) avec des consommations de 30 000 kWh/an (un frigidaire consomme environ
300 kWh/an).
De nombreuses fermes de minage fleurissent ainsi dans le monde (plus de 70% sont en Chine) et consomment des quantités pharaoniques d’électricité (en Chine, l’essentiel de l’électricité vient du charbon). La consommation électrique est en fait directement corrélée au prix du Bitcoin.
Selon l’université de Cambridge*, la consommation annuelle du bitcoin est actuellement estimée à près de 115 TWh (= consommation des Pays Bas ) ; il faut également compter toutes autres cryptomonnaies (plusieurs milliers) fonctionnant sur le même principe.
Spéculation
Une annonce d’Elon Musk, patron de Tesla, pour accepter ou non les bitcoins et c’est la valeur de la
monnaie qui fait des zig-zags…
La cryptodevise existe en quantité limitée et son cours connaît des soubresauts brutaux en fonction
de la seule demande.
Acheter des bitcoins en espérant les revendre plus cher : c’est de la spéculation, pratiquée
par de plus en plus de fonds spécialisés dans le monde.
À l’heure de la crise climatique, il est quand même difficile d’imaginer un grand avenir à une telle passoire énergétique.
Les développeurs d’Etherum, concurrent du Bitcoin, travailleraint sur des protocoles plus écologiques. Mais l’inviolabilité sera-t-elle garantie ?
Certains passionnés disent même que les cryptomonnaies peuvent consommer les surplus d’électricité des producteurs d’électricité (éolienne, panneaux solaires, hydroélectricité) et devenir des sources de financement.
Côté écologie, d’autres disent que la consommation n’est pas si terrible que cela : 115 TWh par an, c’est comparable à la production annuelle d’une grosse centrale hydraulique. Et Galaxy Digital* évalue la consommation énergétique du système bancaire et de l’industrie minière de l’or comme étant deux fois supérieure à celle de la devise numérique.
Le problème est que ces dépenses énergétiques s’ajoutent !
Le Bitcoin démontre en tout cas 2 choses :
Espérons qu’il sorte de toute cette invention technologique décentralisée un système monétaire plus humble et raisonnable. Mais rien n’est moins sûr… La guerre des monnaies ne fait que commencer.
*Sources : Cambridge | Galaxy Digital | Le Monde
Par Dom Prévost | Expert Green digital